Retour sur la rencontre nationale SOLIHA sur le Logement d’abord à Marseille

Près de 200 participants y ont participé en présentiel et 150 vues pour le direct sur la chaîne YouTube SOLIHA.

 

POLITIQUE DU LOGEMENT D’ABORD, QUEL BILAN, QUELLES PERSPECTIVES ?

A Marseille, le 14 octobre, le Mouvement SOLIHA a organisé une rencontre nationale sur le logement d’abord.

Le 14 octobre 2021 la Fédération SOLIHA et SOLIHA Provence, ont organisé une rencontre nationale sur le Logement d’abord, associant plus de 350 personnes à Marseille (200 en présentiel et plus de 150 en distanciel). Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la campagne nationale SOLIHA « Les clés de la solidarité » qui s’est déroulée du 11 au 17 octobre 2021.

La vidéo de la rencontre est à voir sur la Chaine Youtube du Mouvement SOLIHA : https://youtu.be/q51AeRw3JjE?t=646

 

 

En ouverture de cette rencontre, Patrick Amico, Adjoint au maire de Marseille en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne, qui représentait le Maire de Marseille à dresser un portrait préoccupant de la situation du Logement à Marseille en rappelant les objectifs du Plan Logement d’abord sur la Métropole. De son côté, Philippe Olivero, Président de SOLIHA Provence a rappelé les missions de SOLIHA Provence et son projet social.

Au niveau national, des avancées indéniables ….

En termes de bilan, la Dihal a rappelé que 280 000 personnes ont été sorties de la rue ou de l’hébergement vers le logement, depuis janvier 2018. En matière d’IML, les objectifs de 40 000 places, largement atteints, ont été réévalués à la hausse. Du côté de l’Anah, 2000 à 2200 logements par an ont pu bénéficier des dispositifs de l’Anah. Et 85% des aides de l’Anah destinés aux propriétaires bailleurs ont concerné une sortie d’insalubrité. Par ailleurs, 200 logements par an sont produits en MOI et 100 000 logements sont conventionnés en locatif dans le parc privé, dans la durée. Pour SOLIHA enfin, le Plan Logement d’abord est venu conforter et booster le projet social des associations SOLIHA. En 2020, il compte à son actif :

  • 33 000 logements en gestion,
  • 45 000 personnes accompagnées ,
  • 31 pensions de famille,
  • 33 résidences sociales gérées.

Toutefois, si les acteurs ont à la fois souligné l’effet accélérateur du plan Logement d’abord, la complémentarité entre le parc social et le parc privé à finalité sociale et le rôle moteur des collectivités locales inscrites dans ce plan, des recommandations ont également été formulées.

… mais des réponses à améliorer.

Plusieurs pistes d’amélioration ont été identifiées. Sylvain Mathieu, Délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement, a présenté plusieurs actions en cours ou à venir :

  • La création en janvier 2021 du service public de la Rue au logement va permettre une réorganisation complète avec la concentration au niveau de la Dihal de toute la compétence hébergement, accès au logement et programme 177.
  • La réorganisation des services d’information, d’accueil et d’orientation (SIAO) est lancée. Ils deviendront la clé de voute de la politique du Logement d’abord au niveau des départements avec un partenariat sur les territoires plus cohérent et plus visible. Une Circulaire est attendue en fin d’année pour poser les bases de cette modification.
  • La promotion de la performance sociale afin de garantir le meilleur résultat possible aux personnes qui sont en difficulté. Pour ça, elle compte modifier le régime de tarification des centres d’hébergement qui sont aujourd’hui sans réellement adéquation avec leurs besoins.
  • La garantie pour les associations d’une meilleure visibilité de leurs actions grâce à une programmation pluriannuelle des financements.
  • La pérennisation du plan Logement d’abord est garanti mais sous une forme qui reste à préciser : loi de programmation pluriannuelle, autre forme ?
  • La professionnalisation et la formation initiale et continue, notamment des travailleurs sociaux est un chantier prioritaire. Il abordera la valorisation des parcours et d’évolution de carrière en prenant en compte leur monté en compétences .

Pour Jessica Brouard-Masson, Directrice de l’expertise et des politiques publiques de l’Anah, deux défis majeurs sont identifiés : l’amplification de la captation de logement sociaux dans le parc privé et la rénovation énergétique des passoires thermiques en sauvegardant leur fonction.

Pour Marie-Françoise Lavieville, Vice-Présidente de la Fédération SOLIHA, il faut aller davantage vers une politique du logement ciblée sur l’accès au logement social et la production :

  • Réaffirmer la place de la MOI pour faciliter la production de logements.
  • Stabiliser la question des publics afin de ne pas banaliser cette politique
  • Renforcer l’attractivité de l’IML, notamment en maintenant les avantages fiscaux
  • Simplifier et rationnaliser le financement de l’accompagnement social, notamment en articulant davantage les dispositifs et les intervenants au niveau local

De son côté, Michel Pelenc, Directeur général de la Fédération SOLIHA propose deux pistes :

  • la mobilisation plus largement le vivier existant dans le parc existant pour trouver des solutions pérennes, notamment le parc vacant de moins de 2 ans qui représente 1,1 M dont 300 000 dans les zones tendues.
  • La réhabilitation du parc locatif privé qui compte 3,58 M de passoires énergétiques.

A Marseille, des parcours résidentiels bloqués…

La situation du logement à Marseille est qualifiée de « complexe » : 40 000 logements indignes, 41 000 demandes de logements sociaux non satisfaites, 6 500 relogements dans le cadre de l’ANRU, un taux de rotation dans le parc social de 4% contre 8% au niveau national. Au-delà de la question du sans-abrisme et de l’habitat insalubre, il faut aussi traiter la question du logement social neuf et du « logement tout court ». Face à cette situation, la Ville de Marseille comme la Métropole, lauréate en janvier 2021 du 2e appel à manifestation d’intérêt pour la mise en œuvre du Plan Logement d’abord, affichent leur volonté de travailler ensemble.

…mais une volonté des acteurs de travailler « main dans la main » pour des « réponses efficaces »

Patrick Amico, Adjoint au maire de Marseille en charge de la politique du logement et de la lutte contre l’habitat indigne et David Ytier, Vice-président de la Métropole Aix Marseille Provence délégué au Logement, à l’Habitat, à la Lutte contre l’habitat indigne soulignent « un état d’esprit coopératif » et la volonté « d’écrire une stratégie métropolitaine de l’habitat ». Pour cela plusieurs leviers ont été abordés. M. Ytier a notamment mis l’accent sur l’impératif de finaliser le projet de Plan locale de l’habitat et de mettre en place une boîte à outils commune. Il a également évoqué le déploiement du permis de louer, dont la phase expérimentale lancée il y a deux ans dans certains secteurs du centre-ville a donné de bons résultats. Pour M. Amilco, la question de la gouvernance et du transfert de compétences entre la métropole et la ville, est centrale, notamment sur les sujets de proximité, en recourant si besoin au législatif. Jean-Jacques Haffreingue, Directeur général de SOLIHA Provence, a rappelé la complémentarité entre parc social public et privé et formulé plusieurs propositions, tels la mise en place d’une Agence immobilière sociale métropolitaine, le développement du bail à réhabilitation grâce à la mise à disposition du foncier disponible, l’encadrement des loyers à l’échelle métropolitaine.

 

En clôture : une politique qui va dans le bon sens… mais il faut aller plus loin

Dans ses propos conclusifs, Hélène Pelissard, Présidente de la Fédération SOLIHA a réaffirmé l’engagement plein et entier du Mouvement SOLIHA dans le Logement d’abord, « politique souple qui joue sur plusieurs registres pour être en phase avec la diversité des besoins ». Toutefois, elle alerte sur l’enjeu d’aller plus loin : « jamais nous n’avons eu autant de personnes en places d’hébergement ». Elle demande plus de sécurité dans la programmation et plus de simplification des dispositifs. Elle se félicite d’une programmation pluriannuelle du Plan logement d’abord et des moyens et s’engage sur des objectifs de professionnalisation des équipes SOLIHA et d’évaluation de leurs actions.

 

Dans une vidéo de clôture, Emmanuelle Wargon, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, s’est adressée aux participants. Elle a rappelé le rôle pionnier de Marseille, une des quatre villes à avoir expérimenté le programme « Un chez soi d’abord ». Pour elle, la politique du Logement d’abord, résultat de cette expérimentation est un nouveau modèle qui fonctionne et un nouveau regard porté sur les personnes sans domicile : « On ne décide plus à leur place, on leur permet de choisir par elle-même que sera leur parcours d’insertion ». Consciente que chemin qui reste à parcourir et des trop nombreuses personnes qui sont encore à la rue, la Ministre appelle à travailler collectivement pour créer plus de logements sociaux, plus de logement accompagné, favoriser une meilleure mobilisation du parc privé, accélérer la fluidité de l’accès de l’hébergement vers le logement. Elle a notamment souligné le rôle des pensions de famille, ce « très bel outil » et l’enjeu du développement de l’IML et notamment sur ces deux sujets, elle sait pouvoir compter sur le Mouvement SOLIHA.

Emmanuelle Wargon a remercié le Mouvement SOLIHA pour son investissement auprès des plus vulnérables et son engagement dans le Logement d’abord, et particulièrement SOLIHA Provence acteur du relogement et de l’accompagnement des ménages suite aux arrêtés de péri. Enfin, la Ministre e a également salué le travail partenarial engagé à Marseille avec l’État, la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs, associations, bailleurs, collectivités locales, services de l’État.

 

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